“Franco la muerte” : 20 nouvelles contre l’oubli

FRANCO, La muerte.
María Torres / 20 Julio 2015 (http://www.buscameenelciclodelavida.com/)
 
En 2014, Gérard Streiff,  periodista, ensayista y escritor, recibió el encargo de la editorial francesa Arcane 17 de pilotar un libro con motivo del cuarenta aniversario de la muerte de Franco.
Contactó conmigo en otoño, invitándome a participar en él. Se trataba de elaborar un relato de novela negra sobre el dictador.
Jamás me había planteado escribir sobre este siniestro personaje, desconozco la lengua francesa y no soy lectora de novela negra, pero la idea era tan atractiva que no pude rechazar la invitación. Me inventé una trama  donde reflejo la terrible historia de este país desde que Franco decidió no respetar la legalidad republicana. Un relato con vencedores y vencidos, con muertos y con vivos, cuyo final, sin duda, hubiera agradado a muchos.
El relato está dedicado a mi abuelo, víctima de la represión franquista, y espero haber contribuido, aunque sea modestamente, a mantener viva la llama de la memoria.
Agradezco a Gérard Streiff y a la Editorial Arcane 17 que contaran conmigo. A Ricardo Montserrat, hijo de republicanos españoles, que también participa en el libro, la traducción del texto al francés.
 
FRANCO LA MUERTE,  veinte relatos contra el olvido, será presentado en la Fête de l’Humanité (Fiesta de la Humanidad), que se celebra anualmente en París, los próximos días 11, 12 y 13 de septiembre. Han colaborado los autores: Patrick Amand, Alain Bellet, Antoine Blocier, Fréderic Berin-Denis, Didier Daeninckx, Jeanne Desaubry, Pierre Domengès, Patrock Fort, Maurice Gouiran, Gildas Girodeau, Hervé Le Corre, Sophie Loubiere, Roger Martin, Jacques Mondolini, Ricardo Montserrat, Chantal Montellier, Max Obione, Jean-Hghues Oppel, Gérard Streiff y yo, la única española.
El libro estará disponible el 24 de agosto para pedidos a través de la Editorial Arcane 17, y el día 27 en todas las librerías.
 
El diario L’Humanité, fundado en 1904 por Jean Jaurès, publicará a lo largo del verano, en su edición digital, extractos de los veinte relatos que componen la obra.
 
Aquí os dejo el primero: MOI ET FRANCO de Patrick Amand 

 

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

 

Quarante ans après la mort de Franco, si le temps a passé, la détestation est intacte. Elle a inspiré “Franco la muerte”, un ouvrage qui regroupe 20 nouvelles inédites écrites par des snipers de la plume qui visent juste, et sur tous les tons : drôle, cocasse, grave, ironique, coléreux… Chaque mercredi l’humanite.fr vous en propose un extrait différent.

Novembre 1975, le Caudillo meurt de sa belle mort. Dans son lit, en toute impunité ! Janvier 2015, l’idée jaillit de célébrer l’anniversaire de Franco de porc, pour les 40 ans de sa mort. Franco, les garrots, les fachos, les bigots, les toubibs, les courtisans, les cocos, les anars, les Basques : vingt auteur(e)s entament ici la grande parade des règlements de compte. A la lecture du receuil “Franco la muerte” on se dit que l’affaire n’est pas soldée. D’autant que l’Ogre a fait des petits, baucoup de petits…

 

MOI ET FRANCO de Patrick Amand (extrait)

« Patrick, bonsoir ; comment va ? Suis allé sur ton site, vu tes dernières productions, bravo ; je pilote un recueil de nouvelles noires sur Franco, on fête les quarante ans de sa mort en 2015 ; on serait une douzaine dauteurs ; 25 000 signes, la nouvelle ; texte à remettre début 2015 ; le livre devrait sortir pour la Fête de lHuma 2015 ; dis-moi oui ! » Ce mail reçu le 10 septembre 2014 de Gérard Streiff, écrivain, journaliste, rencontré quelques années plus tôt lors d’un salon, j’aurais peut-être dû le mettre dans la corbeille directement. Mais j’ai dit oui. « Banco ! », plus exactement. Sans réfléchir. Tout en m’apercevant que je me remettais Franco sur le dos. Dans le même temps, je me demandais si ce n’était pas l’occasion unique de solder définitivement mes comptes avec lui.

Car soyons clairs : j’ai toujours eu un problème avec Franco. Autant qu’il m’en souvienne, Franco a toujours été présent autour de moi. Je n’avais que cinq ans en 1975, l’année de sa mort. Quand et par qui ai-je entendu parler du Caudillo pour la première fois ? Sûrement par mes parents. Était-ce quand, en écoutant ensemble Le bruit des bottes de Jean Ferrat, je leur demandais ce que voulait dire : « En Espagne on vous garrotte » ? Eux de m’expliquer qu’il s’agissait du mode d’exécution de la peine capitale, par strangulation, sous Franco. Ou bien, cette  évocation de Franco remonte peut-être à une excursion au cirque de Gavarnie en entendant mon père franchissant symboliquement la frontière franco-espagnole : « J’avais bien dit que je ne mettrai pas les pieds en Espagne tant que cette ordure de Franco ne serait pas mort ». Franco était une ordure et il exécutait. C’était logique, j’étais prévenu. J’avais dix ans et Franco commençait à me poursuivre. Il n’allait plus me lâcher.

Franco, je le recroisai de façon inattendue et multicolore, lorsque j’appris que le sympathique papy coloré sur les séries de timbres de ma collection « Correos España », 30 céntimos marron, 1 peseta orange, 3 pesetas bleu,… n’était autre que l’ordure sous les traits d’un vieux monsieur en costard-cravate.

Puis, c’est au lycée que Franco réapparut lors d’un cours d’espagnol lorsque mon professeur nous fit les louanges de la politique hydraulique sous son règne : « Sous Franco, un barrage par mois a été construit pendant vingt ans ! Vous vous rendez compte ? Un barrage par mois ! »

Je commençais, mes seize ans révolus, à m’intéresser de plus près à cette période de l’histoire. Ce furent donc pas mal de discussions avec mes parents, lectures, qui me firent découvrir la République espagnole, l’épopée des Brigades internationales, la non-intervention du gouvernement Blum, Guernica, la Retirada, les camps de concentration français d’Argelès, Gurs, Le Vernet… On écoutait quasi religieusement, le dimanche en famille, le 33 tours Chants de la guerre d’Espagne. Là, résonnaient alors ces chansons qui devinrent mythiques pour moi : El paso del Ebro, Coplas de la defensa de Madrid,… Et bien sûr, El himno de Riego, hymne officiel de la République espagnole. Un air ancré à jamais dans ma tête.

Bien plus tard, en 2011, mon deuxième polar, Gurs 10.39, prenait pour toile de fond la guerre d’Espagne. Ce livre allait me faire découvrir pléthore de gens qui avaient eu, ainsi que leur famille, affaire à Franco. Leur haine absolue de cette ordure était perceptible dans chaque regard, dans chaque silence. Je venais de relancer la guerre et je savais, à ce moment, qu’il faudrait bien que j’en découse avec lui. Le contentieux s’accumulait et je me rapprochais incon- sciemment de ce règlement de compte final. Par le hasard d’une rencontre, je devins membre des Amis des Combattants en Espagne républicaine (ACER) qui m’invitèrent à la Fête de L’Humanité pour dédicacer mon livre.

La rencontre avec Gérard Streiff sur le futur recueil de nouvelles, quelques jours après son message, ne m’en disait guère plus : le sujet était libre sur la mort de Franco…

Je fis part du projet à un ami de l’ACER, el compañero Roberto, devant quelques verres de mojitos. « Génial ! ». L’œil pétillant, il se délectait déjà à l’évocation de ce recueil de nouvelles.

Je sentais que c’était l’occasion d’en finir avec l’ordure. Mais de quelle manière ? Bartolomé Bennassar conclut ainsi la biographie qu’il consacre à Franco : « Franco, disait Raymond Carr en 1985, est mort dans son lit grâce à  son «habileté politique», parce quil «terrorisait ceux qui le servaient et avait un contrôle absolu de son destin». »

Non, Franco ne pouvait pas mourir dans son lit. Il lui fallait une autre fin. Pour y parvenir, je m’en remettais à Roberto.

– Tu t’y prendrais comment pour tuer Franco ?

– Tuer Franco… Tu sais que c’était l’obsession de tous les Espagnols. Les anciens, comme mon grand-père, avaient la hantise que Franco meure avant eux ! Tuer Franco, j’y ai souvent pensé. Le tout étant de savoir comment l’approcher. Pas frontalement, mais en cherchant son péché mignon. Côté femmes, rien… Il faudrait plutôt chercher du côté de la chasse je pense. Entrer dans un de ses cercles restreints, comme les chasseurs. Pour le liquider, il faut éviter l’espace public. Mais la chasse c’est le mieux. L’approcher avec un fusil dans son espace intime. C’est là qu’on aurait pu le descendre. J’en connais un qui aurait très bien pu le faire.

– Et qui ?

– César.

– Qui est-ce?

– César Lamplé, mon père …

 

La suite est à découvrir dans Franco La muerte, à paraître le 27 août aux éditions Arcane 17

Patrick AMAND

Immergé dans l’univers livresque des polars par ses parents, Patrick Amand découvre avec passion Jean Amila, Frédéric H. Fajardie et Didier Daeninckx et le néo polar. Il se lance dans l’écriture en 2009 en essayant d’allier polar et événements historiques peu connus, avec une prédilection pour la période de la seconde guerre mondiale. Franco la muerte est l’occasion pour lui d’évoquer l’histoire du Républicain Espagnol César Lample, père de son ami et camarade Roberto Lamplé.

Dernières parutions de Patrick Amand: L’affaire du noyé de Poitiers, Gurs 10.39 , Omaha Blues et autres nouvelles.