Arrivée dans l’Eure en tant que réfugiée en 1939, Josefa Cuadrado Llobet nous a quittés
Après avoir fui l’Espagne en 1939, Josefa Cuadrado Llobet avait trouvé refuge au Château de Gaillon puis avait fait sa vie dans la région. Elle nous a quittés à 97 ans.
Josefa est née le 24 juin 1928 à Manresa (Espagne), dans la province de Catalogne. Elle perd sa mère quelques mois plus tard, décédée du typhus. Jusqu’à ce que la Guerre d’Espagne éclate, en 1936, la jeune fille grandit à Navarclès avec son père, sa belle-mère et ses deux frères. Lorsque le conflit entre les républicains et les franquistes s’engage, l’aîné est mobilisé et y trouve la mort.
En 1939, alors que la répression du pouvoir du Général Franco s’intensifie, la famille fuit son village situé près de Barcelone et l’Espagne pour se réfugier en France.
Pas la vie de château
Après avoir traversé les Pyrénées sous la neige, l’expédition arrive à La Tour-de-Carol (Pyrénées-Orientales). Josefa passera par un camp avant d’arriver en train avec sa mère et 450 femmes et enfants le 4 février 1939 à la gare de Gaillon-Aubevoye.
Rapidement, les réfugiés sont placés au château de Gaillon, dans l’Orangerie.
À l’occasion des premières commémorations de la Retirada, Josefa nous avait confié son « émerveillement » devant le château. « Pour nous, les enfants, le château, c’était un peu de confort. Il n’y avait plus le danger des bombes, nous avions à manger. On nous amenait des vêtements dans la grande cour centrale. Les gens nous lançaient du pain par-dessus les grilles. »
À la Libération, Josefa, qui a appris à lire et à parler le français, décide de rester en Normandie. Son pays est toujours sous le joug de Franco. Elle rencontre Justo Cuadrado. Le couple se marie le 11 août 1951. De cette union naissent Jasmine, François et plus tard Stella. La famille s’installe à Courcelles-sur-Seine. Josefa travaille en tant que femme de ménage puis à la Charfa.
Yoga, lecture, mémoire
Après le décès de son mari, Josefa s’inscrit au club de gymnastique de Courcelles. Elle s’y découvre une nouvelle passion : le yoga. Activité à laquelle, elle doit, sans doute, « le secret de sa longévité » selon ses proches.
Josefa prenait goût à recevoir, dans sa maison, ses 3 enfants, ses 9 petits-enfants et ses 2 arrière-petits-enfants. « Elle adorait cuisiner et aider les autres », sourit Stella, sa fille. Restée autonome, elle avait appris à se servir de son téléphone portable pour donner ou prendre des nouvelles.
Toujours attentive au monde qui l’entourait, Josefa aimait lire : « Elle lisait encore un livre chaque semaine », souligne Stella.
Profondément marquée par son exil et sa jeunesse, Josefa a contribué à faire vivre la mémoire des réfugiés espagnols arrivés en France. Elle témoignait régulièrement dans les établissements scolaires, de Gisors au Val d’Hazey, pour raconter la Retirada.
Après avoir fait partie du groupe de recherches, mené par Jean-Louis Breton, sur le sujet, Josefa avait participé à la création, au début de l’été, de l’association « Les réfugiés espagnols de Gaillon ».
À sa famille, ses amis et ses proches, l’Impartial adresse ses condoléances.